mercredi 18 août 2010

Cadenas de bois

La porte est fermée. Rien ne se passe de l'autre côté. Tout comme ici d’ailleurs. Deux mondes, séparés par du bois gris. Des secrets dans l’un, du mystère dans l’autre. Davantage de bruit, davantage de pluie dans l’adjacent, et moins de cris et moins de bris céans. Le silence m’enveloppe et ce doudou me réconforte. Là-bas, il se transforme par instants en tapis épineux. De mon côté, il fait bleu, de l’autre, tout n’est pas toujours couleur. Mon appartement est petit, mais je m’y sens à l’abri. Dehors, tout est grand, et pas toujours invitant. D’entre mes murs, la musique joue. Sans eux, elle s’en fou. Les notes se perdent et portent la chaine. Dans la porte, il y a un trou grâce auquel je vois derrière, en éloigné. Des gens passent parfois. Deux en particulier, mais jamais ensemble. Un couple. Elle, jamais seule. Lui, toujours crédule. Ils m’ignorent, je les observe. Elle et eux sourient à tous coups et lui reste sans moue. Une fois la porte franchie, témoin je ne suis plus et actrice d’un possible spectateur je deviens. Je regarde donc l’œil et lui sourit. S’il est libre, tant pis. Si un autre l’obstrue, pauvre celui-ci, et bravo à mon don inouï, menterie que lui ignore.

mardi 10 août 2010

Maux de mots

Lorsque les mots nous saisissent, tout le reste disparaît. Chaque univers paginé renferme une multitude de ces trésors magiques. Avec eux, on voyage, avec eux on vit. La destination est à notre guise, tout comme l’action. Nous ouvrons une page, nous ouvrons l’histoire puis saisissons la vie. Le temps s’arrête alors, et nous volons parmi ces nuages littéraires, cadeaux de leur lieu.

Écrire, c’est décrire le monde en projetant des obus d’encre sur une immensité blanchâtre. C’est faire de chacune de ces gouttelettes noires l’ébauche d’un message, d’une idée nouvelle. C’est faire exploser la vérité, le mensonge et le rêve.

Ne pas savoir quoi écrire, ne pas trouver les mots, ne pas se trouver, c’est comme manquer d’air. Nous ne saisissons pas toujours les mots, même s’ils sont partout. Dans chaque stylo s'y cachent des centaines, il suffit de les laisser sortir.

Lorsqu’ils sont introuvables, qu’il est impossible de les mettre en place pour ainsi formuler une phrase, ils ne sont d’aucun secours, tout comme une corde sans potence. Nous les vomissons donc, tout aussi bien que la vie nous régurgite parfois et laissons place à tout sauf à ce qui doit être dit. Reste que l’inspiration revient toujours, tôt ou tard. Et lorsqu’elle réapparait, le sens revient, les sens revivent et tout semble sensé.

mardi 3 août 2010

Chair, concubine de la passion

Für Elise

Amour : Avoir froid, avoir peur. Se mouiller, s’étourdir pour réfléchir. Se tremper dans l’eau froide, se rafraîchir dans l’eau chaude. Oublier notre état, vivre notre présent, et sans plus. Sans escalier, ni prétention. Juste une route, non cahoteuse, qui nous mène vers notre avenir. Vers l’endroit qui nous serait depuis toujours suggéré. Celui qui est là, mais que nous ne voyons pas toujours. Cette main tendue, que nous évitons parfois. Ces lèvres qui nous sourient, dont la chaleur nous échappe. Le parc vide dont les balançoires rappellent le rêve duo et l’image magique qui nous explose un rêve passé.


Un corps habillé est vêtu. Un corps nu transporte l’âme vide. Une chair lascive ne sera jamais habillée adéquatement. Vouloir n’est pas synonyme d’avoir, il faut ressentir pour comprendre. Que celui ou celle qui n’a jamais aimé se taise. Que celui ou celle qui n’a jamais rêvé d’une alliance garde le silence. Cacophonie surgissante. Deux corps peuvent se frôler, en ignorant leur présence. Deux individus qui s’ignorent ne se voient pas, mais deux êtres qui se désirent font jaillir la vie.


Des mots forment des phrases, des phrases forment des lettres. Formelles, de haines ou bien vaines, elles restent qu’un ramassis de boucles et de lignes qui, lorsque mises dans le bon ordre, s’entrecroisent pour former le plus beau des messages, simple et lisible : je t’aime.