mercredi 17 novembre 2010

Blanc frileux

L'hiver s'en vient. J'ai aperçu l'automne qui prenait la fuite ce matin. J'ai pensé l'imiter, mais lorsque j'ai terminé de dégivrer ma voiture, j'étais déjà en retard pour le travail... et ce n'est que le commencement. Les longues promenades matinales vont se transformer en trois longues minutes, à attendre que le chien se vide et en regrettant ne pas avoir acheté un chat à la place. Il n'y aura presque plus d'action sur la rue, et je devrai alors allumer la télévision pour être divertie. Je vais probablement préférer lire un livre, mais je n'ai pas encore magasiné de lampes depuis le déménagement; et déjà passé cinq heures, il fait un noir glacial dans l'appartement. Je me collerai donc contre la bête poilue, en me demandant pourquoi j'ai choisi un chihuahua. Il restera toujours l'option de me vêtir chaudement et d'aller profiter des joies de la saison blanche. Malheureusement, ça sera à ce moment-là que faire du ménage, du lavage ou bien une sauce à spaghetti semblera indispensable. Dommage! Ça sera pour l'année prochaine... c'est promis.

jeudi 11 novembre 2010

L'échiquier humain

Quand il est question de changement, tout de suite le mot contraire me vient en tête. Si quelqu'un nous demande de changer, souvent elle souhaite que nous agissions d'une autre manière. J'ai récemment appris à jouer aux échecs. Je suis loin d'être bonne, mais ça me distrait. Mon ordinateur a presque gagné toutes les parties. Je dis presque, car la seule fois que je m’approchais de la victoire, il s’est déchargé. Mauvais perdant. J'ai tout de même compris le rôle de chacune des pièces, mais connaitre les règles ne suffit pas toujours pour comprendre le jeu. La vie est assez similaire. Ceux qui répondent toujours oui et qui n'avancent qu'en ligne droite sont des pions. Ils avancent certes, mais finissent toujours par être échangés par quelqu’un de plus compétent où bien oubliés derrière. Nous avons tous été le pion de quelqu’un, mais comme chaque jeu doit progresser, nous évoluons également. La vie nous ouvre d’autres portes derrière lesquelles nous oublions nos vieux habits. Un titre vient souvent avec les nouveaux. Fièrement habillés, nous enjambons des têtes et relevons la nôtre. Fort, nous progressons stratégiquement, bâtissant notre avenir. Jeune et brave nous sommes les cavaliers de demain, jusqu’à ce que l’amour, la haine et l’argent viennent détruire notre armure. C’est à ce moment que nous devenons fous et que nous nous mettons à courir sans cesse, jusqu’à ce que les coins nous freinent. Ce sont les règles et si nous voulons que la partie continue, tomber est juste normal. C’est également l’unique façon de se raidir la colonne pour devenir quelqu’un de droit et découvrir qui nous sommes. Du haut de notre tour, nous observons les possibilités qui nous sont offertes et analysons tout, diminuant ainsi les faux pas et l’échec. Les années passent puis les gens nous vouvoient. Nous devenons dame et respect. Puissante, rien ne nous effraie et la route devant se libère. Vers la fin du jeu, nous devenons de plus en plus immobiles. Affaiblit devant l’action, nous sommes dorénavant vulnérables et chétifs, mais combien riche et admirable. On tente de nous protéger et beaucoup admirent notre passé. Nous sommes allés au combat, c’est maintenant à eux de se battre. Le jeu se termine et le gagnant triomphe. Étendue et les yeux clos, le vainqueur est verticalement bien et les visages respectueux le survolent.

dimanche 17 octobre 2010

Titre en MAJUSCULE

Ce n’est pas facile d’entremêler de la couleur aux lettres. Le cerveau préfère imager par miroir que par imaginaire, sinon il y a un choc, un souvenir ou un songe. Un paysage est accessoire quand l’œil le perçoit, mais il devient sujet lorsqu’il doit être compris. L’arrière-plan est souvent préférable lorsque le sujet tient l’appareil, sinon le tout s’embrouille et le reste se mêle. K et L sont voisins mais différents dans toutes définitions. Si nous restions figés, sans vent, nous pourrions peut-être comprendre le présent, mais comme rien n’est voulu, tout bouge… et comme le mouvement reste un verbe, le temps change. La fin n’est jamais la même, peu importe le déclencheur. Alors pour ce blogue, il n’y en a pas… et voilà. BOUM.

mardi 28 septembre 2010

Cadran sans chiffres, mais de luxe

Si le passé est passé et que le présent le fuit, c'est sans doute que le futur a été acheté. De nos jours, le temps passe trop vite, sans pour autant que les choses changent. Les choses importantes je veux dire. Celles qui font de nous des êtres vivants, des êtres chauds. Mais comme l'utile n'a plus rien d’agréable, ils nous bombardent de nouveaux gadgets à la fine pointe de, soi-disant, la technologie. D'outils plus gros pour un fini plus fin. Ils, je parle ici de ceux qui vendent le rêve, les disciples des temps modernes.

L'industrie automobile ne fait pas exception à cette nouvelle religion. Toujours plus performantes nous les voulons nos voitures. Celles capables de nous amener toujours plus loin, et le plus rapidement possible. Par contre, pour pouvoir se trouver derrière ces volants de feu, il faut se brûler à l'ouvrage. Travailler et ça, sans relâche. Le temps est rendu de l'argent. Sans lui, nous faisons que marcher... et la marche, ce n'est pas au goût du jour. Nous devons être au point B, en même temps que le A, sinon nous sommes en retard. Pour se payer les derniers modèles qui nous téléportent, équipés de GPS utiles uniquement pour ne pas perdre le temps, faire du neuf à cinq ne suffit plus, tout comme rentrer sagement à la maison pour passer des heures de qualités en famille. Non. Il faut se tuer à l'ouvrage, rajouter des heures supplémentaires aux journées et oublier de respirer. Tout cela, au détriment de la sueur qui coule sur nos fronts et des battements de nos cœurs qui proposent chaque semaine un rythme de plus en plus saccadé.

De nos jours, pour se payer les indispensables luxes que les médias nous prescrivent contre le mal du stress, il semble vital de diminuer nos moments libres de qualités qui nous empêchent de nous payer notre médecine. Pour ma part, je préfère ne pas avaler le placebo ni déchiffrer l'ordonnance. Je vais plutôt la chiffonner ou bien la brûler. Le temps passe, il est gratuit, mais aussi compté. Et à force de le dépenser inutilement, d’écouter ces discours sans âme, nous avançons vers cette prière vicieuse qui nous rebute l'indispensable et nous visse au sol en nous donnant la nausée de ce monotone facturé.

Ne perdons pas espoir. La voiture de nos rêves existe et, une fois à l'intérieur, la route du bonheur sera devant, sans remboursement. Pour cela, il faut oublier l'habitacle palpable et rouler sans carrosserie. Si par malheur leurs publicités nous obstruent la route, fuyons à rebours. Si elles nous rattrapent, alors courons, et vite, car d'après eux, en souliers, cette route est longue. Très longue.

mercredi 15 septembre 2010

Fuir à rebours

Oublier la suite, c’est comme ne pas avoir vécu le passé. On tourne en rond, sans comprendre pourquoi nous sommes étourdis. Le présent se visse et nous y restons figés.
La vie est une suite d’essais et d’erreurs. Parfois, un mode de penser viens qu'à être bouleversé par un événement ou une action. À ce moment, le tout change pour permettre à la prochaine étape d'exister. Remettre en question certaines d’entre elles nous rapproche plus rapidement de la suivante et nous permet d’avancer.
Dans les moments de grandes inquiétudes, voire de solitude, la fuite est une solution lorsque les réponses ne viennent pas rapidement. Nous fuyons et ce, peu importe l’endroit ou bien la manière. Nous sommes esclaves de nos pulsations. Ces bêtes qui peuvent parfois s’avérer dangereuses, trompeuses et souvent regrettables. Le plus juste serait d'attendre, de laisser les choses aller. Le temps est le secret de toute cette platitude; car trop souvent nous tentons d’éliminer une partie de nous en souffrance soit en en éliminant la source, ou bien en caltant. Caltons tous alors, et puis vroom, car pour se rendre à Z, la route est longue.

mercredi 1 septembre 2010

Horloge d'une vie, épreuves et cie

Le temps court toujours, même si nous ne le voyons pas toujours passé. Parfois, les autres avancent plus vite, tantôt, nous les rattrapons. Nous faisons tous partie de la même course, celle dont les perdants sont ceux qui ont oublié de lacer leurs lacets, ou bien ceux qui se sont perdus en court de route. Souvent, on passe le flambeau, mais toujours il nous revient, certaines fois plus brûlant, sauf qu'à ce moment, nos mains sont plus âpres et aptes à le tenir. À certains moments, le vent nous rebute, en fouettant notre devant, ou bien il nous emporte là où jamais nous n’aurions cru possible d’aller. Par instants, pris dans un tourbillon, nos pieds s’enfoncent dans sol et seule une autre main pourra nous en dévisser. Chose certaine, la vie n'est pas toujours rose. Dans ces circonstances, il suffit de trouver le rouge et le blanc qui nous entourent et les amalgamer pour ainsi souder l'harmonie.

mercredi 18 août 2010

Cadenas de bois

La porte est fermée. Rien ne se passe de l'autre côté. Tout comme ici d’ailleurs. Deux mondes, séparés par du bois gris. Des secrets dans l’un, du mystère dans l’autre. Davantage de bruit, davantage de pluie dans l’adjacent, et moins de cris et moins de bris céans. Le silence m’enveloppe et ce doudou me réconforte. Là-bas, il se transforme par instants en tapis épineux. De mon côté, il fait bleu, de l’autre, tout n’est pas toujours couleur. Mon appartement est petit, mais je m’y sens à l’abri. Dehors, tout est grand, et pas toujours invitant. D’entre mes murs, la musique joue. Sans eux, elle s’en fou. Les notes se perdent et portent la chaine. Dans la porte, il y a un trou grâce auquel je vois derrière, en éloigné. Des gens passent parfois. Deux en particulier, mais jamais ensemble. Un couple. Elle, jamais seule. Lui, toujours crédule. Ils m’ignorent, je les observe. Elle et eux sourient à tous coups et lui reste sans moue. Une fois la porte franchie, témoin je ne suis plus et actrice d’un possible spectateur je deviens. Je regarde donc l’œil et lui sourit. S’il est libre, tant pis. Si un autre l’obstrue, pauvre celui-ci, et bravo à mon don inouï, menterie que lui ignore.

mardi 10 août 2010

Maux de mots

Lorsque les mots nous saisissent, tout le reste disparaît. Chaque univers paginé renferme une multitude de ces trésors magiques. Avec eux, on voyage, avec eux on vit. La destination est à notre guise, tout comme l’action. Nous ouvrons une page, nous ouvrons l’histoire puis saisissons la vie. Le temps s’arrête alors, et nous volons parmi ces nuages littéraires, cadeaux de leur lieu.

Écrire, c’est décrire le monde en projetant des obus d’encre sur une immensité blanchâtre. C’est faire de chacune de ces gouttelettes noires l’ébauche d’un message, d’une idée nouvelle. C’est faire exploser la vérité, le mensonge et le rêve.

Ne pas savoir quoi écrire, ne pas trouver les mots, ne pas se trouver, c’est comme manquer d’air. Nous ne saisissons pas toujours les mots, même s’ils sont partout. Dans chaque stylo s'y cachent des centaines, il suffit de les laisser sortir.

Lorsqu’ils sont introuvables, qu’il est impossible de les mettre en place pour ainsi formuler une phrase, ils ne sont d’aucun secours, tout comme une corde sans potence. Nous les vomissons donc, tout aussi bien que la vie nous régurgite parfois et laissons place à tout sauf à ce qui doit être dit. Reste que l’inspiration revient toujours, tôt ou tard. Et lorsqu’elle réapparait, le sens revient, les sens revivent et tout semble sensé.

mardi 3 août 2010

Chair, concubine de la passion

Für Elise

Amour : Avoir froid, avoir peur. Se mouiller, s’étourdir pour réfléchir. Se tremper dans l’eau froide, se rafraîchir dans l’eau chaude. Oublier notre état, vivre notre présent, et sans plus. Sans escalier, ni prétention. Juste une route, non cahoteuse, qui nous mène vers notre avenir. Vers l’endroit qui nous serait depuis toujours suggéré. Celui qui est là, mais que nous ne voyons pas toujours. Cette main tendue, que nous évitons parfois. Ces lèvres qui nous sourient, dont la chaleur nous échappe. Le parc vide dont les balançoires rappellent le rêve duo et l’image magique qui nous explose un rêve passé.


Un corps habillé est vêtu. Un corps nu transporte l’âme vide. Une chair lascive ne sera jamais habillée adéquatement. Vouloir n’est pas synonyme d’avoir, il faut ressentir pour comprendre. Que celui ou celle qui n’a jamais aimé se taise. Que celui ou celle qui n’a jamais rêvé d’une alliance garde le silence. Cacophonie surgissante. Deux corps peuvent se frôler, en ignorant leur présence. Deux individus qui s’ignorent ne se voient pas, mais deux êtres qui se désirent font jaillir la vie.


Des mots forment des phrases, des phrases forment des lettres. Formelles, de haines ou bien vaines, elles restent qu’un ramassis de boucles et de lignes qui, lorsque mises dans le bon ordre, s’entrecroisent pour former le plus beau des messages, simple et lisible : je t’aime.

mercredi 28 juillet 2010

Ma ville imaginaire

Un dernier souffle à Neir

Le marcheur épuisé cesse de tourbillonner et pénètre à Neir, cette ville sans cartes, sans routes connues et sans lieux éclairés. Celle où il fait toujours noir et dont les murs taciturnes ne sont que le reflet des toits sombres, où les fenêtres toujours givrées ne sont que le miroir d’un extérieur doux et ensoleillé d’où les corridors qui reniflent la mort ne sont que les narines de la ville, vides d’expiration et d’odeur. Étourdi, l’étranger remarque le plancher plat qui lui rappel celui d’un corps mort, étendu sous l’épitaphe de sa vie et songe à son impossible dalle. Ne se reconnaissant pas, il reste tout de même identique. Il n’a pas changé sauf qu’il est sans souffle et immobile. Sans marée et sans se lever, le trotteur a traversé Neir, mais n’a rien vu, n'a connu personne, mais a tout remarqué et tout compris.

Sans yeux pour les regarder, les couleurs n’existent pas. Sans personne pour le ressentir, le chaud ne brûle pas. Sans la vie, il n’y a que la mort et sans corps il ne reste que l’esprit, invisible. La mort a laissé sa trace à Neir, elle y a tout balayé, et si personne ne rit, alors plus rien ne vit.

L’étrange vent, repoussé par l’opposé se sent inutile à Neir et se dit qu’ici, le dessin n’est qu’un barbouillage, qu’un étendu sans sens qui ne comprend plus la raison de sa création. Sans visage à caresser, il songe aux lignes, au fait qu’elles sont à Neir que la réponse sans équivoque de la somme précise de l’équation : Neir – la vie = rien, tout comme le tout d’un vide.

Et soudain entra l’impératrice, cette femme digne dont la seule présence illumine ce qui l’entoure. Elle est la lueur d’espoir du noir, de la ville oubliée de Neir. Tête haute et sceptre à la main, elle ramènera peut-être l’ordre dans ce cahot invisible. L’impératrice, fière, parcourt les rues désertes de cette ville spectre. Tout d’un coup, sans aviser, un vent la saisit, la faisant frissonner. Perdant de sa couleur et de sa candeur, elle continue tout de même de marcher, face au vent dont la force s’amplifie. Pas après pas, elle reste au même endroit et son sourire perd de sa longueur. Fixant le vide, elle se laisse tomber au sol et s’abandonne à l’étrange souffle qui la ramène aux abords de la ville, vis-à-vis de l’écriteau qui lui souhaite la bienvenue.

Incapable de répondre à sa promesse bénéfique et d’apporter de la couleur à Neir, elle appelle la Tempérance. Aussitôt, d’entre les nuages apparaît une jeune femme ailée habillée de bleu et de rouge. Cette médiatrice pourra, peut-être, de sa cruche laisser couler une réserve de vie, purifier à flots cet univers disparut. À deux, elles pourront possiblement répandre un peu de vie dans ce défunt décor. Sincérité et sérénité riment avec l’espoir de leur présence, de cette union de force plus solide qu’une unité.

Nez pointant le ciel, elles entreprennent l’ascension vers leur but. Les pieds lourds en traversant les ténèbres, elles s’y rapprochent. L’étranger, fort et puissant obstrue leur route, mais ensemble, sans reculer, le duo résiste à l’harmattan. Ordonnant leur règne et purifiant les eaux, le gris s’estompe et apparaît sont antithèse, écarlate et magnifique. Débouclée est la boucle et saine sera leur présence ici, sous le regard de ceux qui trouveront refuge en cette nouvelle ville, celle de Riopse.

Les branches d’arbres

J’aime les branches d’arbre. Si je les regarde étendue sur l’herbe verte, elles sont comme un dessin dans le ciel. Sous leurs ombres, elles m’apparaissent souvent comme une ébauche de la réalité, sans réponses ni questions tout comme une faune sans forêts, une forêt sans feuilles. Et si je leur accorde encore plus d’attention, elles se détachent alors de cette simple image et deviennent les doigts d’une main. Une main qui veille sur moi, comme si ces ramées avaient déjà tout connu, tout vu, tel un regard ancestral qui surveille notre présent. Sans feuilles elles représentent encore plus à mes yeux, comme n’importe quoi mis à nu, sans vêtements, sans retouches, sans rien pour cacher le tout, comme le ciel sans nuances, sans nuages et sans nuées qui cachent la neutralité de son immense toile indigo; l’incroyable esquisse de notre exquise existence.

Je crois que je suis un feuillu et qu’un tronc existe en moi, que ses racines sont tellement implantées en terre qu’il serait injuste de ma part de vouloir les déraciner, de les sortir de sous l’herbage pour en changer le hêtre; sinon de vouloir renoncer à une histoire rédigée à moitié. Laisser les choses exactement comme elles sont, ne pas corrompe la vérité et apprécier le spectacle restent l’essentiel du plus ravissant des tableaux, celui constitué de vert, de brun et de bleu. Rien de mieux ne pourrait remplacer ce rituel de repos. Une fois debout, ce décor irréel, incertain, est déjà loin de moi, incrédule. Je marche, et de leurs branches, aidé par le vent, les arbres me saluent, un « à la prochaine » étouffé par le sifflement de la bise, mais gestuellement grand. Encore une fois, m’éloignant de ces géants verts, je plonge verticalement vers la réalité, cette nébuleuse-vérité dans laquelle naissent le rêve, la magie et l’espoir. J’aime cette somptueuse nature qui a toujours réponse au pourquoi de mon nom.

Le chemin de neige

J’aimerais marcher dans un sentier enneigé, dont l’unique petite route n’est entourée que par des branches gelées, tenues par des troncs déviant. Avancer vers l’avant, en ne laissant derrière que la noirceur. Regarder la neige sans pas, lisse, et tapissant là où je vais. Que le ciel étoilé, ainsi que la lune, éclairent mon chemin. Que tout soit beau et que, sans amplis, des sons musicaux explosent dans le silence. J’aime rêver. J’aime me souvenir de mes rêves. Ils sont tellement différents de ce que je vis. Éveillé, j’oublie mes songes et je sombre. Ma réalité ressemble davantage à un sentier qui possède plusieurs sorties. Des sorties d’urgences : travail, routine et monotonie. Qu’il y a, oui, une voie express, mais elle ne mène que vers le noir. Celle dont les étoiles et la lune se cachent. L’éclipse du rêve. La route qui, sans neige, laisse percevoir que de la terre noire et qui côtoie les branches brunes qui griffent. Ce chemin abrité d’un plafond noir alourdissant, c’est le mien. J’y suis perdu.

D’Haïti, depuis trois ans

Même si je n’attends plus et que les mots ne veulent plus de moi, je continue
de souffrir. Sous les décombres, les phrases refusent l’accent de mes mots, et
volent au dessus de ma tête comme des oiseaux migrateurs, oubliant ceux de mes cris, et s’envolant vers ailleurs. Je dois donc attendre, encore. J’espère tête contre sol, sang contre terre, pouvoir enfin comprendre. Je suis ici seul avec mon silence, sans rythme et fredonnant des sons. Des sons de souffrance, des bruits, des nuits et des jours. J’ai peur, froid, et puis je pleure. Maman ne viendra pas, papa non plus. Tout tombe sur moi, j’en perds le sens, le goût et l’envie. Sans espoir je glisse, moi, trois ans, vers les décombres du néant en espérant une main qui peut-être me saisira. Rien. Les sons qui se rendent à mes oreilles ne sont que ceux que j’ose connaître, peu nombreux et perdu par l’acouphène naissant de mes oreilles et par les respires saccadés de mes pleurs. Dans ma tête, il y a des formes que je reconnais. Par chance, un éléphant est là, je l’aime, il est bleu. J’ai encore peur, mais, même les yeux fermés, l’éléphant est avec moi. Je n’ai plus de souffle, il ne sort que des nuages de sa trompe, mais me sourit. Ses défenses blanches sont avec moi et je ris dans ma tête, sous le regard figé de mon corps. Je suis étourdi, mais tout me semble moins lourd et en oubliant de respirer, le gris devient bleu, le bleu devient blanc et puis tout devient vapeur. Je me sens mieux, léger, libre et puis je m’envole en regardant le ciel et en entendant la voix de maman qui m’appelle. Je fuis alors le sol, traverse les décombres de chez moi et délaisse mon corps. Je fuis la douleur, la vie, mon moi et rejoins les bras de celle que j’aime et qui m’attend en haut, toute rose, me souriant, volant au dos de mon éléphant ailé.

À tous ceux oubliés sous les toits.