mercredi 28 juillet 2010

Les branches d’arbres

J’aime les branches d’arbre. Si je les regarde étendue sur l’herbe verte, elles sont comme un dessin dans le ciel. Sous leurs ombres, elles m’apparaissent souvent comme une ébauche de la réalité, sans réponses ni questions tout comme une faune sans forêts, une forêt sans feuilles. Et si je leur accorde encore plus d’attention, elles se détachent alors de cette simple image et deviennent les doigts d’une main. Une main qui veille sur moi, comme si ces ramées avaient déjà tout connu, tout vu, tel un regard ancestral qui surveille notre présent. Sans feuilles elles représentent encore plus à mes yeux, comme n’importe quoi mis à nu, sans vêtements, sans retouches, sans rien pour cacher le tout, comme le ciel sans nuances, sans nuages et sans nuées qui cachent la neutralité de son immense toile indigo; l’incroyable esquisse de notre exquise existence.

Je crois que je suis un feuillu et qu’un tronc existe en moi, que ses racines sont tellement implantées en terre qu’il serait injuste de ma part de vouloir les déraciner, de les sortir de sous l’herbage pour en changer le hêtre; sinon de vouloir renoncer à une histoire rédigée à moitié. Laisser les choses exactement comme elles sont, ne pas corrompe la vérité et apprécier le spectacle restent l’essentiel du plus ravissant des tableaux, celui constitué de vert, de brun et de bleu. Rien de mieux ne pourrait remplacer ce rituel de repos. Une fois debout, ce décor irréel, incertain, est déjà loin de moi, incrédule. Je marche, et de leurs branches, aidé par le vent, les arbres me saluent, un « à la prochaine » étouffé par le sifflement de la bise, mais gestuellement grand. Encore une fois, m’éloignant de ces géants verts, je plonge verticalement vers la réalité, cette nébuleuse-vérité dans laquelle naissent le rêve, la magie et l’espoir. J’aime cette somptueuse nature qui a toujours réponse au pourquoi de mon nom.

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